Monday, April 18, 2022

Caleb Kanyimb Mbaz: Donnez-leur Vous-même à Manger

Le message d'aujourd'hui est du révérend Caleb Kanyimb Mbaz. Le révérend Kanyimb Mbaz est le chef du bureau de gestion des catastrophes de la zone épiscopale du Sud-Congo et Zambie. Cette écriture fait partie d'une série sur la nourriture et la mission.

Texte: Matthieu 14:16 “Jésus leur répondit: Ils n’ont pas besoin de s’en aller; donnez-leur vous-mêmes à manger.”

Dans mon cours d'évangélisme a Africa University, le défunt professeur Kurewa a définit la mission comme un ensemble d'activités qui accompagnent l'évangile, entre autres la création des écoles, des centres professionnels, des hôpitaux, des orphelinats, des centres des nutrition, des centres d'encadrement des femmes pour les programmes culinaires, des fermes et j'en passe. Dans cet article, nous allons nous appesantir sur la relation entre la mission et la nourriture. La bible nous parle à travers ce texte d’un cas de manque de la nourriture pour nourrir 5000 personnes sans compter les femmes et les enfants. L’insécurité alimentaire est une grande et redoutable arme qui décime nos communautés en ces jours.

L’insécurité alimentaire
L'insécurité alimentaire des masses a été quelques fois dans la Bible l'une des grandes opportunités que Dieu a saisies pour bien véhiculer son message du salut dans les temps anciens. Elle pouvait aller jusqu'à faire d'un peuple réfugié ou même un esclave des autres car la nourriture fait partie des nécessités fondamentales de la vie. Une communauté ne peut devenir sédentaire et productrice que lorsqu’elle atteint sa suffisance en général et dans le cadre alimentaire en particulier. La science nous prouve qu’un peuple, une famille ou meme une personne qui n'arrive pas à se nourrir devient instable mentalement et aussi physiquement.

Notre pays, la République Démocratique du Congo, est classée parmi les pays à déficit alimentaire. Selon le dernier IPC (Integrated food security Phase Classification), publié le 10 novembre, 27 millions de personnes en RDC connaissent des niveaux élevés d'insécurité alimentaire entre septembre et décembre 2021, ce qui représente environ 26,5% de la population congolaise.

Selon le PAM, le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë s'élève à 27 millions, faisant de l'accès à la nourriture un combat quotidien pour une partie importante de la population congolaise. On estime que 3,4 millions d'enfants souffrent de malnutrition aiguë. Il est possible pour un plus grand nombre de personnes de ne manger qu'une seule fois par jour par rapport aux trois repas prévus pour chaque personne. Et souvent le repas sur la table ne reflète pas une bonne nutrition. La RDC est l'une des plus grandes crises de la faim dans le monde.

Quelle est donc le rôle de l’église et sa mission dans le monde ou ces indices font rages? Quelles ont été les contextes de l’introduction de la religion chrétienne dans nos communautés?

La mission
Dans nos villages à l'entrée des missionnaires certaines commodités comme le sel y le sucre étaient des moyens efficaces pour frayer le chemin de l'évangile. Lors de notre première distribution alimentaire a Kapanga des survivant de Kamwina Nsapu sur subvention de UMCOR, nous avons été face a une foule très grande indescriptible qui nous laissait lire le besoin, le manque et la faim. Nous avions distribué les rations pendant les 3 jours prévus et des populations venaient des villages lointains pour venir chercher à manger et nous n’avions ni le temps ni l’envie de prêcher car la distribution des rations était elle-même la prédication.

Dans le monde méthodiste en Afrique, l’agriculture pourtant crucial fut un des grands programmes ayant rarement répondu aux urgences alimentaires ou nutritionnelles d’une part à cause des faiblesses incluant les infrastructures routières inadéquates, les faibles productions face aux surnombres des populations ainsi que l’absence de la pérennité. Tout ceci n’a pas permit de véhiculer a plein succès l’évangile et ainsi renforcer la mission de l’église. Nous avons besoin de beaucoup plus de programmes avec des activités pour nourrir nos communautés et cela semble être l'une des grandes responsabilités de l'église en mission. Ces programmes doivent être directes en termes de production alimentaire en renforçant l'agro-alimentaire ou en établissant des points de distribution pour ceux qui ne peuvent pas faire d'activités agricoles. Car il faut mentionner que les vieillards, les enfants, les femmes enceintes, les malades, ceux avec deficience et même les veuves avances en âge ne peuvent pas aller cultiver ou travailler pour leur survie alors que la sécurité sociale est presque inexistante. Quel est le message que nous prêchons aux affames?

Résoudre l’urgence, conduit à la pérennité
Depuis quelque temps, la prédication a centré son message sur le travail, disant que celui qui ne travaille pas ne mange pas. C’est une très bonne chose car Dieu a béni l'œuvre de l'homme. Cependant, dans un contexte où la famine est aiguë et que celle-ci crée dans nos communautés des malnutris peut-on encore parler du travail au premier plan? Qu’est-ce qui précède l’autre; manger ou travailler? Pour une communauté avec un grand pourcentage de mineurs, d'adultes contre un faible pourcentage d'hommes et de femmes capables de chercher un logement? Telles sont les questions auxquelles nos communautés sont confrontées et auxquelles il faut répondre. Mais alors, il arrive que de nombreux prédicateurs parlent de travail, oubliant de mentionner que pour travailler, il faut avoir mangé. Je trouve cette théologie discriminatoire car elle cible une classe de personnes et les incite à faire mieux, oubliant celles qui ne sont pas physiquement aptes à travailler. La nourriture ne peut être ni un slogan ni une incitation mais une réalité qui consiste à mettre de la nourriture sur la table en priorité, après quoi le programme de production peut suivre.

Donnez-leur vous-même à manger
Cependant, il existe un lien entre la mission et l'alimentation. Un lien qui n’a rien à avoir avec l’intervention alimentaire comme corruption mais comme un besoin à combler car « ventre affame, n’a point d’oreille » dit-on. Selon notre expérience, cette liaison est directe. Le Christ leur dit alors par ces mots: "Donnez-leur vous-même à manger."

C’est ces termes de l’évangile parlent du lien entre la mission et la nourriture. Par rapport à notre expérience dans l’intervention des catastrophes, la nourriture a été l’intervention la plus appréciée dans toutes les communautés ou nous sommes intervenues inclus les milieux considérés comme agricoles. Tout ceci parce que non seulement précieuse, mais la nourriture est aussi difficile à trouver par rapport au coup de vie. Dans les milieux ruraux comme urbains la population a du mal à se procurer à manger pouvant lier les deux bouts du mois. Au Congo selon les statistiques et dans le Katanga, rester beaucoup de temps sans manger à cause du manque est un fléau. Par rapport à la question des droits humains, la nourriture se trouve sur la première liste des besoins de base et on parle d’une nourriture adéquate.

Une intervention ponctuelle de la nourriture aux nécessiteux non seulement renforce la mission de l'église mais aussi maintien la continuité de celle-ci. Dans un contexte purement déficitaire en alimentation comme nous démontre le texte biblique ci haut cite: « Donnez-leur vous-même à manger. » Une urgence s'impose, elle n’attend pas un programme d'agriculture si bien que celui-ci soit très important et pérenne. L’urgence alimentaire dans notre communauté est criante. Elle est semblable à la faim d'un enfant qui n’attendra pas que son père ailles au travail pour lui revenir avec de quoi grignoter mais il demande une intervention qui se veut ici et maintenant, « Hic et Nunc. » Nous avons trouvés dans le territoire de Kipushi des familles qui mangent à tour de rôle; c’est à dire quand les uns mangent aujourd’hui, demain ils ne mangeront pas ainsi de suite.

La voie à suivre
Nous voudrions encourager les programmes non seulement sur la production alimentaire à travers l'agriculture mais aussi de renforcer les mécanismes de disponibilité des produits alimentaires de première nécessité à travers des programmes spécifiques, entre autres, aux enfants des rues, aux veuves, aux orphelins, aux déplacés de guerres, aux réfugiés alimentaires et tant d'autres car même les demandeurs d'asile vivant au Congo finissent par souffrir d'une manière ou d'une autre de l'insécurité alimentaire.

L'Eglise Méthodiste Unie a besoin de prendre l'initiative de former des nutritionnistes et dès les encadrer, les équiper afin d’aider nos communautés non seulement à sélectionner des aliments nutritifs mais surtout à suivre des programmes qui soutiennent des interventions alimentaires adéquats et palpables.

Au cours du forum agricole de GBGM tenue en Afrique du Sud à Johannesburg, la résolution, celle de chercher des terres arables pour des programmes d’agriculture durable est à encourager et cependant, elle nécessite un autre élément, celui d’initier à la base l’idée des coopératives des petits agriculteurs visant les femmes. Car celles-ci pourront participer à leur propre développement en répondant immédiatement et directement à leurs besoins alimentaires et ceux de leurs familles étant donné qu’en Afrique la femme reste encore au centre de l’économie domestique. Il est aussi souhaitable de pouvoir concevoir des programmes de sensibilisation à l'éducation alimentaire et ainsi inclure des programmes alimentaires dans nos écoles, comme dans l’ancien temps ou la nourriture était offerte dans les écoles et centres de formation pour renforcer l’immunité des apprenants. Avec ce programme la faim est combattue à la source en faveur de celui qui aurai quitté sa maison sans avoir eu la chance de manger quelque chose.

Nous ne pourrons finir nos propos sans mentionner certaines réflexions qui soutiennent notre contribution base sur notre expérience dans le contexte de l’insécurité alimentaire. « Cultiver un champ c'est bien, mais commencez par se nourrir c’est mieux. » « Un producteur affamé ne peut pas produire pour manger. » Et quand il produit, il assure sa subsistance mais quand il mange il assure sa survie. Mettre de la nourriture à la disposition des affames est plus qu’une évangile prêchée.

Ainsi donc la nourriture est la servante de la mission. Elle est encore dans nos communautés les pieds de l’évangile. Christ l’a utilisé pour véhiculer le message du salut en intimant l’ordre a ses disciples. « Donnez Leurs Vous-mêmes à Manger. » Dans l’exercice de la réponse aux catastrophes dans notre contexte, la nourriture prend la première place. La nourriture disponible, pas la semence car la population pourra se mourir avec la semence en terre ou dans la maison en attendant la saison pluvieuse dans ce contexte de réchauffement climatique. Ainsi la meilleure des missions est celle qui pose les actions afin préserver de la faim la communauté. La mission de l’Eglise repose non seulement sur la prédication mais la réponse aux besoins vitaux et dans notre contexte, c’est la nourriture de chaque jour pour la force de chaque jour.

1 comment:

  1. The hour is to give food right where people are languishing, I appreciate that this is part of my ministry and the context of food insecurity is so growing but the responsibility is ours all. Thanks To Dr David Scot for support, I appreciate.

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